MBA

Le boom des écoles de managers

Tremplin, accélérateur de carrière, sésame: tous les qualificatifs ont été employés pour décrire les MBA, les «Masters of Business Administration». Adulés, puis descendus en flammes dans les années des fusions et des licenciements massifs, ces titres font encore recette aujourd’hui. Aux Etats-Unis, près de 100 000 diplômés débarquent sur le marché chaque année: bien loin des huit premiers diplômés de la Harvard Business School, en 1910. Mis à part un petit creux dans le début des années internet, la croissance des demandes d’admission au programme MBA de la prestigieuse école américaine suit une courbe ascendante depuis des décennies. En Suisse, l’offre de cours pour managers a explosé. Alors qu’une quinzaine de formations existaient sur le marché suisse il y a cinq ans, 54 programmes portent l’étiquette MBA sur le territoire helvétique aujourd’hui.

Initialement conçu pour apporter aux cadres un complément à leur parcours professionnel, le MBA constitue une formation au métier de manager, voire de «leader». «Il devrait avoir comme objectif de fournir une vision globale de la gestion d’entreprise», affirme Michelle Botha, directrice des programmes MBA de HEC Lausanne. Outre-Atlantique, la Harvard Business School revendique une vision conservatrice: «Notre approche est basée sur l’expérience de transformation de la personne, qui ne peut se réaliser qu’en vivant pleinement deux ans sur le campus», explique Forest Reinhardt, professeur à Boston. Ce qui signifie quitter son emploi (manque à gagner), voire s’endetter. Bien que le retour sur investissement soit supposé rapide (trois ans en moyenne), il n’en demeure pas moins une phase de transition délicate, en période de conjoncture difficile.

Il faut désormais suivre le cursus plus vite, sans quitter son emploi. Conséquence, plus d’une demande sur deux adressées à HEC Lausanne concerne un programme à temps partiel. Pour répondre à ce besoin, les écoles ont multiplié les offres, comme le Flex MBA, le MBA par internet ou le MBA spécialisé (voir le répertoire complet des MBA en Suisse, en page VI). Ces démarches laissent de marbre les grands noms du domaine. «Ce sont des niches, avec lesquelles nous ne sommes pas en concurrence», commente Katty Ooms Suter, directrice des admissions à l’IMD.

Ceux qui enseignent les outils du marché libre ne peuvent que souligner ses vertus. «La concurrence oblige chacun à améliorer son produit et à s’accréditer», affirme Michelle Botha. «Il y a trop de programmes, le marché va se réguler et tout un groupe de MBA va disparaître», prédit Katty Ooms Suter. D’ici à cette épuration, mieux vaut prendre garde. Car comme le remarque Forest Reinhardt, chaque individu ne consommera qu’un MBA dans sa vie. Les conséquences d’un mauvais choix sont beaucoup plus gênantes que celui d’un restaurant douteux ou d’une paire de chaussures trop petites.