MBA

MBA – Mode d’emploi pour faire le bon choix

Le MBA n’est pas protégé. Mieux vaut se poser les bonnes questions avant de se lancer dans une formation.

1. Définissez vos objectifs

Avant tout, définissez vos objectifs et mesurez les contraintes. Souhaitez-vous une rupture dans votre parcours, un coup de pouce pour changer d’emploi ou progresser au sein de votre entreprise? S’agit-il d’un projet personnel ou concerté avec l’employeur? Avez-vous besoin de nouveaux outils, ou d’une spécialisation dans un domaine? Faire le point de manière réaliste sur toutes ces questions vous évitera de vous tromper de cible.

2. Vérifiez la réputation

Vos recherches commencent par là. La réputation est utile pour séduire les employeurs. Car «la question n’est pas d’obtenir un MBA, mais de savoir de quelle institution on l’a obtenu», estime Farsam Farschtschian, responsable du programme MBA-HSG à l’Université de Saint-Gall. Epluchez les classements anglo-saxons et croisez les informations: vous vous rendrez vite compte que certains noms occupent les meilleures places. En Suisse, à défaut d’évaluation nationale, les universités restent auréolées d’un prestige que ne possèdent pas, d’emblée, les écoles privées absentes des «rankings» internationaux. Toutefois, la réputation n’est pas une garantie absolue de qualité.

3. Scrutez le profil des participants

«Le niveau à l’entrée augure de la suite», prévient Jean Micol, co-directeur du postgrade «Management of Technology» à l’EPFL. Constat que partage la directrice des admissions de l’IMD. Katty Ooms Suter résume le succès maison par une sélection drastique. Dans le cadre d’une pédagogie axée à 70% sur l’interactivité, plus les conditions d’admission sont sévères, plus le niveau des cours sera élevé et les heures passées dans les groupes de travail profitables. Comment évaluer ce niveau? Un, le minimum d’expérience professionnelle requis: en dessous de 3 à 4 ans, danger! La mise en garde contre les établissements négligeant ce prérequis est claire: «C’est le signe que ces écoles veulent vendre leurs cours», juge Franziska Bossart, actuellement étudiante à Saint-Gall. Deux: le GMAT. Cet examen, mondialement reconnu, vérifie les capacités mathématiques, analytiques et verbales. Si en Suisse, le score minimal exigé va de 500 à 675, sachez qu’aux Etats-Unis les meilleures unis affichent une moyenne de 700 (sur un total de 800) par participant. Trois: la difficulté à entrer dans un programme. Plusieurs étapes de présélection, des entretiens bilingues sont autant d’indices d’un sévère écrémage. Enfin, ne vous laissez pas décourager personnellement par ces critères de tri!

4. Cherchez l’ouverture à l’international

Tout dépend de votre ambition. Pour les futurs dirigeants des multinationales, la part d’étudiants étrangers est capitale. Mais dans tous les cas, elle garantit une richesse des expériences partagées cohérente avec la globalisation de l’économie, et permet la confrontation avec d’autres cultures. Ce n’est pas un hasard si l’IMD veille à réunir une quarantaine de nationalités par volée, si des Suisses et des Indiens se côtoient en nombres égaux à Saint-Gall et si le MBA en Organisations internationales de l’Université de Genève accueille depuis la rentrée deux Suisses sur dix-huit participants.

5. Enquêtez sur le parcours des diplômés

Le taux d’embauche à la sortie prouve l’intérêt des employeurs. Les sites internet des grandes écoles affichent des statistiques à la remise du diplôme, puis à trois mois. Si ces données ne sont pas communiquées, demandez-les. Activez les réseaux, c’est le rôle des alumni (anciens élèves). Par ailleurs, certaines entreprises viennent faire leur moisson annuelle de diplômés à la sortie de certaines écoles. Mêlez-vous à la foule, vous pourrez vérifier l’intérêt des employeurs pour les diplômés qui vous précèdent.

6. Contrôlez les accréditations

Aucun consensus sur l’importance (ou non) de ces accréditations ne se dégage. Car l’univers de ces labels de qualité est une jungle dénuée de transparence, mêlant organismes privés ou d’Etat, ainsi que des imposteurs ayant pignon sur internet. Au total, entre trente et quarante organismes, selon Detlev Kran, directeur de la FIBAA, l’organe du monde germanophone. Les plus réputés, établis depuis longtemps, sont l’américaine AACSB, l’anglaise AMBA, l’européenne EQUIS et la germanophone FIBAA. Attention, une école peut être membre sans pour autant être accréditée, ou bien mentionner une accréditation en cours de validation. Mieux vaut vérifier directement à la source. En Suisse, les établissements publics, universités et Hautes Ecoles spécialisées, n’ont aucune obligation de demander une accréditation. Leur démarche reste volontaire. Seule l’Université de Fribourg propose un programme MBA estampillé OAQ. L’organe bernois se déclare prêt à répondre aux questions, convaincu du «droit du consommateur d’avoir une certitude par rapport à la qualité d’un programme qu’il va payer cher». Enfin, l’ENQA, l’association faîtière des organismes d’accréditation européens, a été mandatée par les ministres de l’éducation pour faire le ménage d’ici à 2010.

7. Testez le niveau des professeurs

Tout aussi controversés: les enseignants. Un docteur émérite ne fait pas forcément un bon pédagogue. Seul point favorable indiscutable: l’équilibre entre universitaires et intervenants issus du monde professionnel est primordial. «Il faut un subtil mélange entre le milieu académique et le milieu industriel, souligne Jean Micol, car la connexion avec la réalité doit se faire.»

8. Faites vos comptes

«Mieux vaut un bon programme qui coûte cher qu’un programme moins cher qui ne vaut rien», juge Farsam Farschtschian. Mais l’analyse du coût par le nombre d’heures de cours peut changer la vision du prix. Les écoles publiques, subventionnées, peuvent être moins chères. L’essentiel est donc de calculer votre retour sur investissement en ajoutant au coût de la formation (36 000 francs en moyenne suisse), le coût de la vie et un éventuel manque à gagner salarial pendant la durée de votre MBA. Mais le résultat final dépendra de la hausse de salaire attendue, annoncée à 30% par les écoles les plus réputées. Selon les calculs du magazine Forbes, un investissement de 100 000 dollars (129 000 francs) est amorti en trois ans. A vous de voir si vous êtes prêt à prendre le risque!